Tromal Noire-aurore ou l'ombre verte

- Les Marcheurs éthérés du vide ne sont pas des élémentaires d'ombre comme l'on a l'habitude de vulgariser leur nature et ils sont bien plus compliqués que de simples démons venus au-delà d'Azeroth. Ces êtres n'ont rien de matériel, des entités purement spirituels appelés par la magie : celle de l'ombre, ce qui leur donne cet aspect. Cependant ils n'ont pas grand chose de démoniaque, ces esprits viennent d'un univers parallèle où ils y vivent en nombre important ; nul ne sait à quoi ressemble ce monde mais les êtres de Lumière - antithétiques aux Marcheurs d'ombre - appelés Naaru (comme le grand A'dal dirigeant l'Aldor à la capitale de l'Outreterre Shattrath) ont les mêmes origines.
Ces esprits sombres, pour avoir une enveloppe matériel et ainsi défendre leur invocateur, possèdent un bracelet à chaque main assez grand et richement décorés de pierres précieuses et de runes magiques, leur permettant de rester sur terre. On ne les tue véritablement jamais mais pour les battre il suffit de briser ces menottes solidement forgées, les renvoyant chez eux. C'est pour cela qu'il ne reste que les débris des bracelets quand ils nous quittent. Ils sont donc éternels. Pour les rappeler, il suffit d'incanter le rituel et de créer une nouvelle paire de bracelets s'ils ont été brisés (voir p.348 Incanter l'apparition de votre Marcheur).
Le démoniste sacrifie une partie matérielle d'une âme sous forme de cristal tirée de la mort d'un être vivant pour canaliser assez de magie sombre et ainsi appeler une de ces âmes, qui lui est destinée à vie avec un nom et une personnalité. Un démomancien érudit sait qu'il doit une dette infinie envers cette créature, pour cela qu'ils entretiennent de bons rapports. Les maltraiter serait une offense au contrat éternel (voir p.371 la signature du pacte avec votre Marcheur) et pourrait ruiner les relations. Le dévouement du marcheur est sans faille, celui de l'invocateur devrait l'être aussi. Les deux êtres sont égaux et le démonologue ne devrait avoir aucune autorité supérieure sur l'autre, ainsi les tyranniques sont mal perçus dans la communauté.
Gardez à l'esprit que ce que le genre mortel considère comme serviteur est avant tout une âme dotée d'une intelligence aussi développée que la notre - voire certainement plus - qui se considère comme votre égal et votre soutien. Il vous sera dévoué dans toutes vos luttes quelques soient vos desseins bénéfiques ou maléfiques. Considérez-le comme il vous considère et vous exploiterez tous ses talents (voir p.396 les talents démoniaques de votre Marcheur) pour votre profit belliqueux. L'asservissement d'âmes à la base libre n'est pas une chose à prendre à la légère, le risque de tomber dans l'esclavagisme et la tyrannie est grand et peut causer votre perte tandis que rester juste et franc semble être utopique.Etre un bon démoniste n'ait pas accessible à n'importe quel mage raté, considérez que vous ne deviendrez bon seulement quand vous l'aurez compris. Ainsi vous pourrez vous croire sage et érudit.


Le grimoire se vit refermer et disparaître dans un sac par deux grandes mains d'un vert poison intense - on devine la forte intoxication au sang de Mannoroth - aux griffes noires, longues et gravées ; elles étaient velues de poils sombres, épais et drues ; leur peau était jeune mais nervurée de sillons foncés. L'orc était balancé par le chancelant taxi réprouvé aux chevaux invisibles. La route n'était pas bonne, la pluie lavait la terre laissant apparaitre de grandes pierres rondes sur lesquelles glissaient les roues ; le conflit entre Austrivage et Moulin-de-Tarren s'étant envenimé, l'entretien des routes devint secondaire voire tertiaire... Cette malchance faisait maugréer la créature verte dont la caboche était cognée par sa faux aiguisée. Entre ses deux grandes canines inférieures, les grognements rauques étaient sincèrement rancunières.
Enfin le cab s'arrêta au village réprouvé et fut payé contentieusement. Typique de la région des Contreforts de Hautebrande, une atmosphère lugubre y planait. La pluie glaciale a fait place à une brume lourde, peu appréciée par un fils de Durotar. Sa lente respiration devenait visible en denses vapeurs mais au moins ses vêtements étaient quasiment secs. Avec sa capuche, il portait un kilt noir et écarlate, une fourrure sombre en haut et était ornée de grigris un peu partout et quelques tatouages claniques. La carrure massive de l'orc laissait deviner qu'il était assez jeune. Derrière lui trainait un petit diablotin hyperactif et flamboyant.

"Allons-y Gobe-colle. Nous devons grimper un chemin discret parmi ces monts brumeux."

S'aidant de sa faux, il quitta Moulin-de-Tarren pour traverser une rivière qui cisaille de froid les jambes. Ensuite le démoniste longe les escarpements pour tenter de discerner un chemin. Quand soudain un sifflement strident se fait entendre, l'orc se retourna pour voir arriver une énorme mygale velue ! Des incantations sombres furent couvertes par un fort bruit de brulure et très vite un éclair renvoya l’araignée sur le dos plus loin. Mais d'un bond elle se releva, pour prendre à une formidable boule de feu du diablotin qui lui roussit ses poils urticantes et une nouvelle explosion se fait entendre faisant déguerpir les oiseaux. La mygale ne bouge plus mais elle sécrèta vite un fil envoyé sur la babouche de l'orc qui le fit tomber et interrompre les lueurs d'ombres dans ses mains. Le démoniste tendit alors la main, du céphalothorax de s'échappèrent de longs filaments violets pour rejoindre le bras tendue et finalement Gobe-colle envoya une dernière boule de feu qui interrompit le draine en tuant la bête. Ses huit yeux furent éteints simultanément. La faux trancha la soie perlée de colle gluante et fut ramassée par le pyromane en même temps qu'un petit cristal violet dans l'herbe.

"Voilà un peu plus d'étoffe pour ma couture. Bien joué Gobe-colle, une fois de plus, belle pyrotechnie."

L'air grincheux du diablotin ne masquait pas le contentement qu'a procuré ce compliment. Derrière le cadavre de l'arachnide, se dévoile un chemin, enfin ! Tous les deux grimpèrent jusqu'à traverser un tunnel gardé par des Humains tous sombres. Les assassins de Ravenholdt n'inspiraient pas confiance, la rancœur orco-humaine semble éternelle. Ils arrivèrent enfin au majestueux manoir d'architecture humaine, bordé par un cercle de duel et un potager. Une source se fait entendre sourdement. Un petit coin de paix encerclé par la violence. Le démoniste traversa les écuries jusqu'à la porte d'entrée ou il frappa lourdement trois fois.

Un Troll grand et trapu lui ouvrit. Le démoniste s'attendait à un serviteur pour lui ouvrir, mais c'était un disciple de la lumière. Il entra à sa demande sans rien lui répondre. Le plafond du manoir était assez bas, les lumières des chandeliers faisaient vibrer les ombres et donnaient une dimension fantastique aux portraits qui les regardaient fixement. A l'intérieur il fesait bien chaud et les joues de l'orc brulaient déjà. Une elfe chevalier de la mort fit une entrée menaçante avec sa hache, suivit un couple de gobelins l'une lui servit un verre, l'autre tenait une lanterne apparemment révolutionnaire. L'orc souleva sa capuche laissant apparaître une longe tignasse violette et crépue terminée en nattes. Sa lèvre inférieure retroussée, ses deux canines protubérantes et ses sourcils constamment froncés lui donnèrent un air menaçant qu'on connaît des orcs mais son regard brun avait quelque chose de neutre. Il a réussit à faire pousser ses favoris jusqu'à tisser deux nattes, ainsi avec quelques rides et le front dégagé, les gens se méprenaient sur son âge.

"Merci, fit-il à la gobeline. Il but d'un trait le verre ne devinant pas ce qu'il contenait. Je suis Tromål Noire-aurore, fils de Karein-khan du clan Rochenoire. Je suis venu chercher compagnie dans mes desseins et présenter mes services de pyrotechnicien pour votre ordre et vos actions malgré mon jeune âge."

Le dos incliné, son regard tendu aux quatre ombres invitait à une entente cordiale.